lundi 11 juin 2007

Mes alliances, mésalliance

Bizarrement, les alliances politiques et militaires n'ont pas les mêmes résonances en France et à l'étranger. En ces nouveaux temps d'élections en France, il est de nouveau question d'alliances. En bon Mentor que je suis, je me propose de faire une petite promenade dans les annales de l'histoire... promenade sélective, bien entendu, en attendant d'avoir plus de temps pour analyser les choses de plus près. Les lecteurs (et lectrices) attentifs auront remarqué que quatre semaines se sont écoulées depuis le dernier message, et peuvent imaginer les aventures rocambolesques qui ont pu avoir lieu au cours de ce mois, entre une élection présidentielle, et des élections législatives.

Qu'est-ce donc qu'une alliance?

Du Peuple Élu au peuple élu

L'Alliance, c'est d'abord celle du Peuple Élu, lorsque Dieu scelle un pacte avec Abram, qui a alors 99 ans tout rond. Abrah devient Abraham, et Saraï, sa femme, devient Sara. Pour que la descendance d'Abraham n'oublie pas ce contrat à durée illimitée, l'alliance ne se porte pas au doigt, mais un peu plus bas: c'est la circoncision des mâles (Genèse 17). Il y a d'autres symboles de l'alliance, pour les plus romantiques (l'arc-en-ciel, notamment).

Passons.

L'Alliance, c'est celle aussi des puissances européennes contre Napoléon, en 1815. Littré dans son dictionnaire, donne ainsi comme 5e sens: "Confédéré. Les alliés gagnèrent la bataille de Leipzig sur l'empereur Napoléon." Ce que l'on appela la Sainte Alliance fut conclue au Congrès de Vienne. Son but: lutter contre la propagation de la révolution, pour retrouver une certaine stabilité politique à l'échelle européenne. L'Union Européenne version 0.3 (version 0.1: l'Empire Romain, version 0.2: Charlemagne)?

L'alliance désigne aussi le groupe de pays qui ont gagné la première, puis la deuxième guerre mondiale.

À partir de cette époque, le terme, lorsqu'il s'emploie à désigner des campagnes militaires, s'utilise, de facto, pour qualifier toute entreprise militaire auquelle sont associés... les États-Unis, pays au nom symbolique, et à l'histoire tout aussi empreinte de messianisme qu'Abraham. On parlait, dès le milieu du 19e siècle, de la "Destinée manifeste" des États-Unis, dans un cadre où le messianisme se mêlait au racisme triomphal d'un pays s'étendant toujours plus vers l'Ouest, au dépens des communautés indigènes.

Encore aujourd'hui, on parle de l'Alliance Atlantique, et l'on sait quel rôle jouent les États-Unis aujourd'hui dans le monde.

Du peuple élu aux élus du peuple

De l'autre côté de l'Atlantique, en Europe, plusieurs changements de régime se préparent, tout en douceur. En France, une majorité de droite se prépare à être remplacée par une majorité de droite, puisqu'à l'UMP va succéder... l'UMP à l'Assemblée Nationale. Attention! Ce n'est pas le même parti, puisque l'un était la "majorité présidentielle" d'un président, Jacques Chirac, auquel a succédé Nicolas Sarkozy. Nuance, preuve à l'appui:


Au Royaume-Uni, Tony Blair va volontairement quitter ses fonctions de Premier ministre le 27 juin, et être remplacé par son Chancelier de l'Échiquier et successeur auto-désigné (depuis presque 10 ans), Gordon Brown. Entre l'un et l'autre, les choses n'ont pas été toujours faciles. On disait de Tony Blair qu'il avait des élans messianiques, ce qui a expliqué son soutien sans faille à la politique américaine en Irak. On dit de Sarkozy qu'il est pro-Bush.

Inutile de tisser des parallèles à la hâte entre les dirigeants de ces deux pays longtemps ennemis, et de démêler tous les fils de réflexion lancés ici, à la hâte. Ce qui est intéressant, dans l'urgence qui est de mise, c'est de voir ce que fait l'opposition pour lutter contre une inévitable succession entre deux régimes identiques, en différent. Quelles alliances peuvent-ils élaborer pour devenir une opposition 'crédible'? Entre les socialistes français et le nouveau parti 'MoDem' de François Bayrou, alliance ou mésalliance?

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